SIN CITY, de Frank Miller

BD
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Très bien
Un Must
Quand la ville dort

Le pitch

Série culte de Frank Miller. Des histoires d’amour et de vengeance à Basin City, ville du crime, du vice, de la corruption… surnommée Sin City. C’est aussi tout simplement le titre du premier tome (sur 7) où Marv, un colosse vraiment laid, alcoolo et sérieusement atteint du ciboulot, est déterminé à venger la seule femme qui l’ait calculé. Goldie. Une œuvre sans équivalent. Extrêmement sombre. Traité dans un noir et blanc radical. Ça passe ou ça casse.

Pourquoi je vous le conseille ?

Car c’est une œuvre culte qui n’a pas d’équivalent. Pour la force du graphisme, manichéen, reconnaissable entre tous. Car même si on déplore aujourd’hui la dérive du n’importe quoi chez Frank Miller, il reste que l’homme a marqué l’histoire de la bande dessinée. L’artisan vénéré de la renaissance des Comics. Car Sin City est son œuvre la plus personnelle, hybride, où la ville est finalement sa seule héroïne. Pour se faire sévèrement chambouler par une fresque cynique et parfois ironique d’une société malade d’argent, de sexe et de pouvoir.

L’ENVERS DU RÊVE AMÉRICAIN.  Bienvenue à Sin City. La ville du vice et du péché. Une ville infestée de criminels, de flics véreux, de femmes fatales et forcément prostituées. Où tous les héros ont en commun de ne pas arriver à se dépêtrer de la jungle urbaine, tentaculaire. Sin City, reflet sombre des éclats bling bling d’une Las Vegas fantasmée. Bienvenue dans le cauchemar américain

100% TOO MUCH. À Sin City tout est blanc. Ou noir. Pas de gris, pas de nuances, pas de juste milieu ou d’indécision. Miller use d’un contraste visuel absolu pour exprimer cette radicalité. Dans un jusqu’auboutisme assumé, il nous expose la face cachée de son âme, la somme de ses tourments et de ses obsessions, dans un récit paroxystique qui aborde de front tous types de tabous : violences criminelles, corruption institutionnalisée, pulsion de mort comme seul moteur de vie… Du très très lourd. Un voyage près des marges qui n’épargne ni les esprits ni les corps, suppliciés, défigurés, consommables. Sin City est dévorée par l’énergie de l’outrance et de la passion. C’est ce qui fait sa force et sa puissance, dans une dualité visuelle qui exprime mieux que tout le rapport ambigu de Miller à sa chère Amérique.

UN AUTEUR RÉFÉRENT. Pour les amateurs de comics, le dessinateur et scénariste Frank Miller est un héros. Il a déringardisé Daredevil, ressuscité Batman dans les années 1980 en le transformant en un héros gothique. Avant d’abandonner les majors tapageuses pour entreprendre des œuvres singulières, hors normes. Sorti pour la première fois en France en 1994, le premier volume de la saga Sin City est ainsi considéré comme la première œuvre vraiment personnelle de Miller. Et celle qui a marqué l’histoire de la bande dessinée. Une hybridation entre roman noir, univers des super-héros et codes du manga. Un chef-d’œuvre d’une violence désespérée. Une série à l’antithèse d’un produit de l’industrie du comic-book qui a fait son succès. Dans un noir et blanc radical, surexposé, sans gris ni nuance. Doté d’un scénario admirablement construit, sans longueur ni héros précis. D’une noirceur insondable. La révélation d’une nouvelle voix qui entraînera des générations d’artistes dans son sillage. Un code de conduite esthétique et philosophique d’une grande audace qu’il est utile de garder en tête quand ses prises de position ultra-rétrogrades nous provoquent des crises d’urticaire. Un retour à la caricature surprenant pour cet auteur qui n’a eu de cesse d’explorer l’ambiguïté de l’âme humaine, la frontière chancelante entre le bien et le mal et la part d’ombre des justiciers solitaires.

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Les autres tomes de la série Sin City :

  • Tome 2 :  J’ai tué pour elle (A Dame to Kill for, 1995)
  • Tome 3 : Le grand carnage (The Big Fat Kill), 1996)
  • Tome 4 : Cet enfant de salaud (That Yellow Bastard, 1997)
  • Tome 5 : Valeurs Familiales (Family Values, 1997)
  • Tome 6 : Des filles et des flingues (Booze, Broads & Bullets, 1999)
  • Tome 7 : L’enfer en retour (Hell and Back, 2001)

Frank Miller a coréalisé avec Robert Rodríguez l’adaptation au grand écran de Sin City en 2005. Avec Bruce Willis, Mickey Rourke, Jessica Alba. Ainsi que sa suite Sin City : J’ai tué pour elle en 2014. Avec Eva Green, Josh Brolin, Jessica Alba.

Dessinateur et scénariste de Daredevil sur 42 épisodes qui redéfinissent radicalement non seulement le personnage mais l’ensemble de la production des comics des années 1980. Salué par la critique et le public. Il crée le personnage d’Elektra et met en place de nombreux éléments dans l’univers de l’homme sans peur que l’on peut retrouver, entre autres, dans le film de 2003. Le summum est atteint par le cycle « Renaissance » (Born Again) écrit par Miller et dessiné par David Mazzucchelli en 1985.

Frank Miller scénarise et dessine en 1986 Batman: Dark Knight (The Dark Knight Returns), une histoire glauque de Batman située dans un futur proche. Il réalise plus tard une suite de cette œuvre, Batman: The Dark Knight Strikes Again. 

 

 

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The Watchmen (Les Gardiens, 1986 :87). Série de comic book américano-britannique créée par le scénariste Alan Moore, le dessinateur Dave Gibbons et le coloriste John Higgins. Publiée mensuellement par DC Comics, Watchmen est immédiatement un succès commercial et critique. La série obtient de nombreuses récompenses, notamment en 1988 où elle devient le premier roman graphique à remporter le Prix Hugo. Vraiment fantastique.

La série met en scène des super-héros entièrement originaux dans un univers parallèle à celui de l’univers traditionnel de DC Comics. Une uchronie où des super-héros ayant cessé leur activité de justiciers semblent disparaître un à un, alors que la Troisième Guerre mondiale menace d’éclater à tout moment avec le bloc de l’Est. La série a été adaptée en film sous le titre Watchmen : Les Gardiens en 2009, puis en série télévisée sous le titre Watchmen en 2019.