ÉCOUTE, JOLIE MARCIA, de Marcello Quintanilha

BD
Bien
Très bien
Un Must
Chronique brésilienne

Le pitch

Une évocation hyper réaliste et touchante de la vie d’une infirmière, Márcia, et de ses proches, vivant dans les favelas de Rio. Sans misérabilisme, la violence urbaine y est appréhendée sur un ton tragi-comique. Une histoire admirablement servie par le graphisme étonnant, tout en teintes technicolor, de Marcello Quintanilha. Un des auteurs phares de la scène sud-américaine contemporaine. Une merveille. Dès 15 ans.

Pourquoi je vous le conseille ?

Parce que c’est une chronique quasi-documentaire et très humaine de la vie dans les quartiers pauvres et dangereux des favelas. Parce qu’on rit, on pleure, on s’émeut à la lecture de ce magnifique roman graphique. Car Márcia est une mère courage, combative et terriblement attachante, et qu’elle forme un duo détonant avec sa fille Jaqueline (parfaitement ingérable). Pour le ton, à la fois grave et pittoresque. Pour la maîtrise narrative et graphique de Marcello Quintanilha. Un petit bijou.

UN DESSIN EN TECHNICOLOR. C’est ce qui frappe d’emblée dans ce roman graphique. Un dessin précis au stylo noir, avec un grand souci du détail, où viennent vibrer des teintes vives et chaudes dominées par les tons mauve, vert d’eau et jaune. L’émotion est palpable grâce à ce trait simple et nerveux dont les couleurs à la fois douces et flamboyantes dégagent une incontestable poésie. Sans oublier un découpage des scènes original, rythmé à la manière d’un scénario de cinéma, où à l’occasion d’un fondu enchaîné, on passe au dialogue de la scène suivante tout en restant accroché à l’image de la vignette précédente. Un style hors des sentiers battus qui rend le récit dynamique et trépidant.

TRAGI-COMÉDIE DANS LES FAVELAS. Le contraste saisissant entre les couleurs qui peuvent apparaître drôles et kitsch, et un propos d’une grande violence, est l’un des nombreux atouts de cette bd qui jamais ne sombre dans le pathos. Il s’agit bien d’une chronique quasi-documentaire sur la vie dans des favelas gérées par des gangs, avec la connivence de la milice, où élever un enfant relève de la cause perdue. Mais le ton demeure enlevé, dynamique et haut en couleur.  Car l’auteur sait alterner des scènes typiques de la vie quotidienne, truculentes, avec des scènes de violence urbaine qui font mouche. Le contexte dramatique du Brésil contemporain se teinte de légèreté poétique, que l’on peut retrouver comme un fil rouge dans la référence à Escuta Formosa Marcia, une chanson tirée d’un opéra brésilien, et donnant son titre à la bd. Écoute jolie Márcia, une chanson qui porte l’espoir de ceux qui veulent s’en sortir : « je ne savais pas même soupirer avant de te rencontrer. »

UNE MÈRE. Car c’est le sujet principal de l’histoire. Celle d’une mère prête à tout sacrifier, à mettre en jeu sa propre vie, pour sauver celle de sa fille, jeune adulte grande gueule et insupportable. Une mère peu aidée par un compagnon gentil mais tellement mou du genou.  Une vraie leçon de vie qui jamais ne sombre dans l’apitoiement intempestif. Une leçon d’humanité proposée par un magnifique raconteur d’histoires bien ancrées dans le réel.

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