DERNIÈRE STATION AVANT L’AUTOROUTE, de Mako/Daeninckx/Pagan

Pas pour l’enquête dont l’intérêt demeure secondaire, vous êtes prévenus.

Mais plutôt pour l’atmosphère. La thématique récurrente de la mort, avec des héros « déjà morts avant d’être morts », hante tous les romans de Pagan, et cette adaptation n’y échappe pas. C’est du très sombre, très noir, dans un Paris by night où il pleut en continu, et qui n’a plus rien de glamour. Voilà pour l’ambiance.

Pour le rythme déroutant de la narration. Saccadé, passant du coq à l’âne, avec des journées baignées de torpeur, et des nuits hantées de cauchemars et d’hallucinations.

Pour le flic sans nom qui est aussi notre narrateur. Déprimé au dernier degré, alcoolique et insomniaque, à forte tendance suicidaire, il nous entraîne à ses basques dans les bas-fonds de notre belle capitale, dénonçant corruption et bêtise ordinaire avec acharnement. Pagan, lui-même ancien inspecteur de police à Paris, est très critique sur la façon dont se pratique son ancien métier, et on entend sa colère gronder sous le sarcasme et l’ironie. Le dessin de Mako, sans concession, dessiné quasi intégralement dans les tons noirs et bruns (hormis le dernier chapitre), rend justice à cette ambiance poisseuse et crasse.